Gabon : Affaire Emmanuel Ndzoma: au nom de la foi et de la loi

Libreville, (GM)- Miracles à la commande, révélations fracassantes et sensationnelles sur le futur, collecte de sommes d’argent exorbitantes, et bien d’autres actes posés par le pasteur-prophète Emmanuel Ndzoma, font de lui une des nouvelles superstars controversées du milieu très éclectique des églises de réveil au Gabon. Un milieu qui a plus qu’intérêt à retrouver la voie de la sobriété qu’imposent la foi authentique et la loi dans toute sa froideur.

De notoriété publique amplifiée par une vidéo devenue rapidement virale sur les réseaux sociaux, la grossesse de trois mois dont une certaine Mme Mbenga s’est vue gratifiée, de façon aussi énigmatique que spectaculaire par le prophète Ndzoma, a très vite suscité une indignation générale au sein de l’opinion. C’était là, sans que ce dernier et ses disciples n’aient curieusement reçu la moindre prophétie sur les événements qui pouvaient en découler, le début d’une folle saga dont l’étape actuelle est la garde à vue du prédicateur haut en couleurs.

La scène, qui a eu pour théâtre l’église dite de la Synagogue où étaient massée la pléthore des fidèles dudit « homme de Dieu » qui arpentent quasi-quotidiennement cette enceinte, est d’autant plus source d’émoi qu’elle attaque de plein fouet l’un des principaux dogmes du christianisme, à savoir: l’exclusive et fondatrice immaculée conception du Christ par la vierge Marie! Mais au-delà de cette affaire aux allures d’arbre qui cache la forêt foisonnante des pratiques problématiques ayant cours dans bon nombre d’églises de réveil, c’est toute la question de leurs motivations profondes qui se pose ici avec acuité.

Souvent au gré des malheurs et des misères, ou tout simplement de la quête de sens existentiel, dont sont l’objet les membres de cette obédience religieuse faite de plusieurs chapelles, des personnages y prennent très vite un statut de véritable démiurges de la chose divine, à coups de racket financier permanent, de déclarations pseudo-prophétiques et d’actes défiant trompeusement ou ouvertement la rationalité et l’orthodoxie morale.

Travestis (sans l’assumer) en gourous pour leurs fidèles, au prétexte tant clamé par eux-mêmes et leurs disciples d’être « oints de Dieu », ils excellent dans de nombreux abus, parfois ou souvent au mépris des conditions sociales précaires que subissent au quotidien ceux et celles qui leur vouent alors un culte de la personnalité sans pareil.

De stratagème en stratagème, de pseudo-miracles en pseudo-miracles, ils apparaissent par la suite tels de vrais dieux incarnés et détenteurs d’un droit absolu d’injonction sur les fidèles et même sur Dieu lui-même.

Autant de faits et d’attitudes qui mettent à mal, non seulement les pasteurs sincères, mais également les objectifs les plus nobles visés par la foi et tout ministère religieux normal et humble.

A cette transgression de la notion la plus juste de la foi, il s’ajoute une atteinte répétée et flagrante à la loi, eu égard aux dispositions pertinentes du code pénal gabonais.

Aussi, et sans préjuger des conclusions auxquelles devrait aboutir l’instruction en cours contre Emmanuel Ndzoma, les autorités sont-elles actuellement dans la plénitude de leurs prérogatives. Celles-ci ayant aussi pour mission régalienne de veiller à l’intégrité morale du citoyen et à la quiétude sociale que ne peuvent favoriser les errements ici dénoncés ou soupçonnés.

GM

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