Transformation du manganèse : Marcel Abéké défend une vision souveraine et industrielle pour le Gabon

Libreville, (GM) — Face aux réserves exprimées par la présidente d’Eramet, Christel Bories, après la décision du gouvernement gabonais de suspendre l’exportation de manganèse brut à compter du 1er janvier 2029, Marcel Abéké, ancien ministre du Pétrole et ex-responsable de la Comilog, a réagi avec clarté. Dans un entretien exclusif au quotidien L’Union, que nous nous proposons ici de résumer dans les grandes lignes, il défend une mesure qu’il qualifie de « décision politique souveraine », porteuse de transformation économique profonde.

Pour Marcel Abéké, il n’y a pas lieu de douter de la capacité du Gabon à réussir cette transition industrielle. La transformation locale du manganèse est selon lui une orientation ancienne, aujourd’hui réaffirmée avec clarté. « Il faut que les opérateurs s’alignent. Certains ont déjà compris le message », assure-t-il.

15 000 emplois industriels à la clé

L’ancien dirigeant de la Comilog annonce que cette politique pourrait générer jusqu’à 15 000 emplois industriels directs d’ici 2029, contre quelques centaines actuellement. Ces postes concerneront des profils qualifiés (métallurgistes, techniciens de maintenance, opérateurs de fours, etc.). Un vaste programme de formation devrait être mis en œuvre, notamment via l’Institut gabonais de métallurgie de Moanda et des partenariats internationaux.

Un levier pour l’industrialisation nationale

Abéké estime que la transformation locale favorisera la création d’un écosystème industriel connexe (maintenance, transport, ingénierie) et stimulera l’économie régionale autour des pôles de Franceville et Moanda. Il insiste : « Le Gabon doit désormais extraire et transformer chez lui. »

Des défis énergétiques et logistiques à relever

Toutefois, il reconnaît que la réussite de ce projet dépendra d’une réponse rapide à certains défis majeurs : un déficit énergétique estimé à 335 MW, des infrastructures logistiques à adapter, notamment au niveau portuaire, et une préparation méthodique pour éviter les surcoûts de démarrage.

Un tournant continental dans la gestion des ressources

Pour Abéké, la décision gabonaise s’inscrit dans une dynamique panafricaine de souveraineté minière, comparable aux stratégies adoptées par le Ghana, le Zimbabwe, la RDC ou encore le Botswana. Cette évolution pourrait permettre aux États africains de remonter dans les chaînes de valeur mondiales et de rééquilibrer les rapports de force avec les multinationales.

Des partenariats à redéfinir

Il appelle à des discussions constructives avec Eramet, tout en plaidant pour une diversification des partenaires industriels (Chine, Inde, Corée du Sud) et une implication accrue de l’État dans les joint-ventures. « Il ne s’agit pas d’un bras de fer, mais d’un choix politique à mettre en œuvre avec rigueur. »

Pour l’essentiel, la transformation du manganèse gabonais ne se veut pas seulement une ambition économique, mais aussi un acte de souveraineté et de confiance dans les capacités industrielles nationales. Aux yeux de Marcel Abéké, l’heure est venue pour le Gabon de tirer pleinement profit de ses ressources, en maîtrisant la valeur ajoutée sur son propre sol.

VYL

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