Gabon/PDG : la fin laborieuse d’une longue époque

Libreville, (GM) — Vieux de 56 ans, le parti créé par Omar Bongo vient de déchoir Ali Bongo Ondimba (fils du fondateur et ancien président de la République) de son poste de président, tout en radiant de manière encore inexpliquée Josephine Kama Dabany, mère de ce dernier et figure historique de l’ex-parti au pouvoir, de ses effectifs. Deux actes radicaux qui marquent un tournant historique dans la vie de cet ancien parti unique, le tout dans un contexte d’incertitude né du coup d’État du 30 août dernier.

Alors que de nombreux hiérarques du Parti démocratique Gabonais étaient conviés ce jeudi 7 mars au siège de leur parti pour une concertation, cette journée a plutôt pris un tournant spectaculaire qui aura surpris l’opinion. D’abord par la distillation dans la presse en ligne d’un article faisant état du déroulement d’une réunion du comité permanent du bureau politique étonnamment présidée par Ali Bongo lui-même (alors qu’il n’avait plus eu d’activité publique depuis le coup d’État d’août 2023). Puis par le réaménagement du directoire du parti, rendu public via une communication officielle lue par le SGA1 sortant, Luc Oyoubi.

Mais les deux faits majeurs de cette sortie médiatique sont sans conteste la mise à l’écart d’Ali Bongo et l’exclusion surprenante de Patience Dabany, membre emblématique du PDG depuis les premières heures de son existence. S’agissant de l’ancien chef de l’État, la raison avancée est sa santé fragile le rendant indisponible pour continuer à tenir le gouvernail PDG. Couplé à l’éviction manu-militari de celle que d’aucuns appellent « la Mama », il s’agit là, assurément, d’un événement inédit dont les conséquences restent à découvrir quant à son impact sur la volonté déjà laborieuse des militants de maintenir debout ce parti cinquantenaire, aujourd’hui ébranlé par la prise du pouvoir du CTRI. 

En d’autres termes, la question fondamentale que se posent de nombreux observateurs avertis est celle de savoir si le PDG, conçu depuis ses origines pour être un parti au pouvoir sous l’égide de certaines familles, survivra à cette mini-révolution en son sein, compte tenu de sa nouvelle position de structure dépourvue d’une emprise réelle sur les affaires publiques du pays. Wait and see.

Simplice Rabaguino

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