Récente Sortie d’Ali Akbar Onanga : faux au procès constitutionnel d’un homme du passé

Libreville, (GM)- Alors que le Gabon s’engage sur la voie d’un retour progressif et structuré à l’ordre constitutionnel, l’intervention d’Ali Akbar Onanga sur la prestation de serment du président élu Brice Clotaire Oligui Nguema, le 3 mai dernier, sonne comme un baroud d’honneur hors de propos. Derrière un vernis juridique, c’est un faux débat, politiquement motivé, juridiquement erroné, et institutionnellement contre-productif, que l’ancien ministre tente de relancer.

 Un contexte exceptionnel, une lecture figée

Le renversement du régime Bongo, le 30 août 2023, n’est pas un « coup d’État » dans l’acception classique, mais une rupture saluée comme une libération nationale. Il s’agissait de corriger une dérive institutionnelle et non de violer la Constitution pour s’y substituer. Dans cette situation inédite, vouloir appliquer des schémas juridiques rigides, comme le fait Onanga, revient à nier la complexité d’un moment historique où l’urgence et l’intérêt supérieur de la nation priment.

Une transition ordonnée, annoncée, et respectée

Le président de la Transition avait clairement annoncé une séquence :

Référendum constitutionnel,

Nouvelle loi électorale,

Élections présidentielles pluralistes,

Puis scrutins législatifs et locaux.

Cette feuille de route n’a jamais été dissimulée. La réinstitutionnalisassions de l’État suit un ordre logique et progressif, validé par les forces vives du pays. Commencer par la magistrature suprême, clef de voûte de toute démocratie, est un choix politique stratégique et cohérent.

 Une légitimité populaire incontestable

Ali Akbar Onanga semble feindre d’ignorer une vérité fondamentale, le président élu est aujourd’hui le seul détenteur d’une légitimité issue du suffrage universel. Ni le Parlement de Transition, ni la Cour Constitutionnelle provisoire, ni aucune autre institution ne peut prétendre à une légitimité comparable. Dès lors, ce n’est pas la Cour qui donne autorité au Président, c’est le peuple gabonais.

 La prestation de serment : un acte solennel, non créateur

Sur le plan juridique, le pouvoir présidentiel prend naissance dans l’élection, non dans la prestation de serment. Cette dernière n’est qu’une formalité de solennisation, qui peut parfaitement être assurée par une Cour transitoire. Ce n’est pas une entorse au droit, mais une mesure de continuité de l’État adaptée aux réalités de la transition.

Une restauration institutionnelle par étapes

On ne peut bâtir une démocratie solide sans pilier présidentiel stable. Organiser d’abord l’élection présidentielle permet de :

Garantir une autorité exécutive légitime pour organiser les autres scrutins ;

Renforcer la stabilité nationale ;

Et surtout, rassurer les partenaires internationaux sur la sincérité du processus de retour à l’ordre constitutionnel.

L’impasse de la doctrine du « tout ou rien »

Prétendre, comme Onanga, que toutes les institutions doivent être installées avant tout acte politique majeur, revient à plonger le pays dans une paralysie institutionnelle. Une telle posture n’est ni réaliste, ni responsable. Elle relève d’un juridisme abstrait, coupé des réalités de gouvernance, et inapplicable dans un contexte de sortie de crise.

Une arrière-pensée politique mal dissimulée

En réalité, Ali Akbar Onanga poursuit un objectif personnel à peine voilé : tenter de se repositionner dans un nouvel échiquier politique qui s’est largement redessiné sans lui. À défaut d’avoir été un acteur de la rupture, il s’érige en censeur post-transition. Un calcul risqué pour un homme dont le passé politique est associé à l’ordre déchu, et dont l’avenir ne peut passer que par un choix clair faire allégeance au nouveau pouvoir ou structurer une aile dissidente du PDG pour aller aux législatives.

Entre critique stérile et ambition voilée, Ali Akbar Onanga doit choisir : s’accrocher à une légalité morte, ou participer à une légitimité en marche.

Par Serge Patrick Minang

(Analyse politique, MBA, DBA2)

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