Libreville, (GM)- Opposant radical devenu et désormais le plus en vue de son camp politique, Alexandre Barro Chambrier arpente actuellement la province de la Ngounié, avec un succès populaire appréciable. Mais quid de son discours général véhiculé, épine dorsale d’une opposition rompue aux constats amers mais stériles de propositions alternatives concrètes?
Comme habitée par une culture viscérale de la seule dénonciation contre le régime en place, aussi bien sans concession que sans la moindre vision structurée pour un Gabon différent en mieux, l’opposition gabonaise se distingue peu favorablement.
Personnalité jadis inspiratrice de par son parcours académique et professionnel, pourtant universitaire de formation et théoriquement à même d’impulser un débat démocratique fondé d’abord sur les idées, le président du RPM ne semble pas du tout échapper aux insuffisances méthodologiques dont fait preuve une opposition décidément en panne de pertinence idéologique.
Procéder uniquement et aussi invariablement à des rappels rébarbatifs sur l’état prétendument déplorable de la nation, non sans redites visant à établir une sorte de catastrophisme dans l’esprit des populations, démontre à suffisance une absence criarde de perspectives meilleures à proposer à ces dernières.
Les sombres constats dressés par les adversaires les plus hostiles du pouvoir, que ce soit par un Jean Ping hier, par un Alexandre Barro Chambrier ou une Paulette Missambo aujourd’hui, ou encore un autre de leur allié demain, ne sauraient à eux seuls constituer des faits d’armes politiques à même de susciter l’espoir et le rêve.
Espoir et Rêve, ces deux levains politiques sans lesquels toute conquête du pouvoir ne saurait gagner en impact déterminant et potentiellement auréolé de succès, sont assurément des objectifs inatteignables pour cette opposition passée experte dans le ressassement exclusif des maux et la paresse intellectuelle des sentiers battus.
Dorénavant huissiers de la société gabonaise et procureurs vindicatifs du régime d’Ali Bongo Ondimba, fondamentalement nourris depuis 1990 aux attaques ad hominem sans lendemains, ainsi qu’à une perception strictement émotionnelle ou sensationnelle de l’action politique en démocratie, les opposant gabonais sont-ils irrémédiablement condamnés à être les hérauts de postures permanentes aux relents d’imposture perpétuelle?
Paul Nkori