Libreville, (GM) — Au Gabon, à l’instar de certains acteurs politiques, le président, d’Ensemble pour la République, Dieudonné Minlama Mintogo, milite aussi pour le retour du Centre gabonais des élections (CGE) qui avait en charge depuis 2018 la responsabilité de l’organisation des élections. Ci-dessous l’intégralité de son discours
Depuis l’avènement de notre démocratie, l’organisation des élections libres, démocratiques et transparentes constitue le principal talon d’Achille de notre système.
Notre liste électorale est en constante amélioration, mais elle comporte encore beaucoup de limites liées non seulement à la faiblesse de notre administration (fichier de recensement administratif pas à jour) mais aussi à la qualité de notre biométrie (en réalité non accomplie).
Que dire de notre découpage électoral ? Il obéit à quels critères objectifs ou politiques ? Quel rôle donner à la Société civile dans notre processus électoral ? Quid de l’impartialité et de la neutralité, l’organisme chargé de l’organisation des élections ?
Après l’adoption d’une nouvelle Constitution, au moment où un Comité a été mis en place pour rédiger l’avant-projet d’un nouveau code électoral et ; à quelques mois du lancement effectif de « la phase restauration des institutions » promise par le CTRI, il me parait opportun d’apporter ma modeste contribution dans la mise en place de ce nouvel ordre électoral censé sortir notre pays des sentiers battus et renforcer notre système démocratique afin de mettre un terme aux contestations et aux violences qui surgissent au terme de chacune des élections organisées dans notre pays.
Toutefois, pour aller directement à l’essentiel , j’ai choisi de limiter ma contribution aux trois (3) aspects fondamentaux suivants :
Lé découpage électoral ;
La liste électorale ;
L’organe chargé de la gestion des élections.
1 Le découpage électoral
Comme je le signalais déjà plus haut, notre découpage électoral n’est apparement basé sur aucun critère objectif.
Dans un même hémicycle se côtoient des députés représentant plus de 50 000 électeurs avec d’autres qui sortent des circonscriptions ne dépassant même pas le quota maximum d’un seul bureau de vote, c’est-à-dire avec moins de 500 électeurs. Cette situation ne garantie pas une représentation équitable et juste des populations au sein de l’Assemblée Nationale.
Au niveau du SENAT, le critère territoire se réduit au département et se conforme au découpage administratif . Ces dispositions défavorisent certaines provinces (disposant de peu départements mais parfois plus peuplés, plus vaste et avec un milieu rural plus dense ) au profit d’autres (parfois avec moins de villages , faiblement peuplé , moins vaste mais disposant de beaucoup plus de départements ) . Ceci paraît aux yeux des populations comme une anomalie voire une injustice qu’il convient de corriger pour assurer une meilleure justice sociale et une représentativité juste et équitable des territoires au sein du SENAT.
11. Les Critères
Pour assurer une représentation juste et équitable des populations et des territoires au sein des deux chambres du parlement , je suggère que le découpage soit fait sur la base de deux critères essentiels et objectifs qui sont utilisés dans toutes les démocraties accomplies : la démographie ( Assemblée nationale ) et le territoire ( Le SENAT ) .
12. Les circonscriptions électorales
je suggère d’extraire Le Grand Libreville ( OWENDO- Libreville-AKANDA ) de la province de l’Estuaire , au regard de son peuplement ( hétéroclite ) et de son poids démographique (40% de la population nationale ) de telle sorte que le pays soit divisé finalement en dix (10) provinces qui constitueront les dix (10 ) circonscriptions électorales majeures , à savoir :
Estuaire
Haut Ogooué
Moyen Ogooué
Ngounié
Nyanga
Ogooué Ivindo
Ogooué Lolo
Ogooué Maritime
Woleu-Ntem
Le Grand Libreville
13. Répartition
131. L’Assemblée Nationale
Il n’échappe à personne que les députés qui siègent à notre Assemblée nationale n’ont pas tous le même poids démographique ou électoral . Le nouveau découpage doit avoir pour objectif principal de corriger cet in justice tout en tenant compte de la spécificité du Grand Libreville . Aussi , je milite pour un découpage en quatre (4) étapes :
Etape 1 : répartition des sièges entre le Grand Libreville et le reste des provinces . Ici , je propose qu’un quota de 20 % des députés soit attribué au Grand Libreville et 80 % des sièges restants alloués à l’ensemble des neuf (9) autres circonscriptions électorales majeures ( provinces ) .
Etape 2 : répartition des sièges entre les 9 neuf circonscriptions restantes. Cette répartition doit se faire de façon équitable en tenant compte du poids démographique de de chaque province . Autrement dit , si la région du moyen Ogooué compte 20 % de la population totale de toutes les neuf (9) circonscriptions réunies , il lui sera attribué 20 % dans la part des députés réservés au neuf (9) circonscriptions .
Etape 3 : répartition des sièges par département au sein d’une même province . Cette répartition obéira aussi au seul critère démocratique.
Etape 4 : réparation des sièges au sein d’un même département . Cette répartition obéira aussi du seul critère démographique .
Ce processus nous permettra d’avoir une meilleure représentation des populations au sein du parlement .
13. Le SENAT
Le seul critère à retenir ici est le territoire . Je propose que la province soit ici considéré comme ledit territoire . Ainsi , chaque territoire ( province ) aura le même nombre de sénateurs .
Ainsi , chaque province élira le même nombre de sénateurs au cours d’une élection directe à la proportionnelle . Autrement dit les concurrents présenteront une liste qui sera soumise aux électeurs et la répartition des sièges par liste se fera au prorata du pourcentage obtenu .
Nous aurons donc désormais des sénateurs représentants une province et non les sénateurs représentants une commune ou un département .
2. La liste électorale et la biométrie
Au regard des faiblesses actuelles de notre fichier électoral , je suggère :
La mise à plat du fichier électoral actuel ;
Le lancement d’une opération spéciale d’inscription ;
L’introduction du critère d’authentification des électeurs lors des scrutins
La délivrance d’une carte électorale biométrique
La mise en ligne de la liste électorale ;
3. La réforme du Centre Gabonais des Elections
Après avoir, unanimement , acté l’incapacité du Ministère de l’Intérieur à organiser les élections libres, démocratique et transparentes , la classe politique gabonaise , à travers plusieurs négociations et dialogues , la classe politique a décidé de confier la gestion des élections à un organe indépendant et sensé être impartial tel que recommandé par l’Union Africaine à travers ” la charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance » « dans son article 17 alinéa 1 « Créer et renforcer les organes électoraux, nationaux, indépendants et impartiaux chargés de la gestion des élections » .
C’est dans ce cadre que les acteurs politiques et les membres de la société Civile, qui ont pris part au dialogue politique d’Angondjé de 2017 , ont consensuellement décidé de la mise en place du Centre Gabonais des Elections (CGE).
Bien que cet organisme ait failli , par le fait des hommes , lors de l’organisation de la dernière élection présidentielle , je milite pour que l’organisation des élections lui reste confier après des réformes susceptibles de renforcer son inclusivité , sa neutralité et son impartialité . C’est dans ce cadre que je propose les améliorations suivantes :
Respect scrupuleux des critères qui encadrent l’élection du Président de la CGE , essentiellement sa neutralité et son indépendance par rapport aux partis politiques et autres institutions ;
Désignation par élection des Présidents des Commissions électorales au niveau provinciale , départemental , communal et consulaire conformément aux dispositions utilisées dans l’élection du Président National ;
Inclusion des représentants de la Société Civile dans tous les démembrements du CGE ( un autre poste de vice-président doit être crée à cet effet );
Admissions des représentants des candidats indépendants à tous les échelons de la CGE en fonction du type d’élections;
Renforcement du rôle des observateurs de la société civile ; mise à leur disposition des procès-verbaux au même titre que les représentants des candidats ;
Mise à terme de la bipolarisation de la vie politique qui se caractérise chez par la l’opposition et la majorité en introduisant la notion de centre.
Fait à Libreville le 19 Décembre 2024
Dieudonné MINLAMA MINTOGO
Président d’Ensemble Pour la République
Ancien candidat aux élections présidentielles de 2016