Libreville, (GM)- Au cours d’une conférence de presse vendredi dernier, le journaliste d’investigation et Directeur de Publication de Kongossanews, est revenu sur la tristement célèbre affaire de trafic de Kevazingo qui a entraîné le limogeage, le 21 mai 2019, du vice-président de la République et sur les accusations d’outrage dont il fait l’objet de la part de Pierre Claver Maganga Moussavou. Ci-dessous, l’intégralité de sa déclaration.
” Mesdames et messieurs les journalistes, chers confrères.
Des événements qui se sont déroulés ces deux dernières années, je retiens que monsieur Pierre Claver Maganga Moussavou, l’ancien vice-président de la République et par ailleurs président du Parti Social Démocrate (PSD), est loin d’être un homme d’État.
Nous sommes nombreux dans la presse privée indépendante a être particulièrement corrosifs et irrévérencieux à l’endroit du président de la République, son Excellence Ali Bongo Ondimba, sans que ce dernier ne se soit rabaissé à poursuivre devant les tribunaux pour faire payer coûte que coûte, les journalistes gabonais. Nous serions tous enfermés, certains avec des peines plus lourdes que d’autres.
D’ailleurs, outre les hommes de médias, Pierre Claver Maganga Moussavou ne s’en est il pas déjà vertement pris au président de la République, l’affublant des qualificatifs les plus désobligeants?
Lui qui, à travers nos médias avait ouvertement affirmé que le chef de l’État aurait de faux papiers et que ce dernier serait l’instigateur des crimes rituels, propos publiés dans le journal L’Aube en 2014, a-t-il été, pour cet outrage trainé devant les tribunaux ?
Non, Pierre Claver Maganga Moussavou a toujours joui d’une liberté de ton, sans jamais être inquiété.
La même liberté de ton et d’expression qu’il s’emploie aujourd’hui à défaire la presse.
Pierre Claver Maganga Moussavou est une personne dangereuse. C’est un “assassin” de la liberté de la presse.
En poursuivant Stive Roméo Makanga et son journal devant le tribunal correctionnel, en s’employant à vouloir le faire condamner d’une peine d’emprisonnement et au versement d’un incroyable montant de 950 millions FCFA, l’ancien vice-président s’en est pris à toute la presse.
Car, après Makanga, quel autre journaliste subira son courroux ?
Mesdames et messieurs les journalistes, chers confrères.
Pour en venir aux faits qui nous rassemblent ce jour, il y a quelques temps, Kongossanews, journal dont je suis le directeur de la publication, mettait en ligne un article sur le scandale lié à la disparition de 353 conteneurs de kévazingo.
Mon article, puisque j’en étais l’auteur, titrait: “Kévazingogate: Maganga Moussavou, chef de gang”.
Une publication qui s’appuyait sur des informations particulières.
En effet, Kongossanews avait obtenu d’un informateur à la présidence de la République, au travers d’un rapport détaillé des services spéciaux, des conclusions d’une enquête qui impliquait directement l’ancien vice-président, et que ce dernier, m’avait confié ma source, devait par un décret du chef de l’État lui même, être limogé.
C’est donc sur la base de ces éléments que j’ai rédigé mon article et non sur la base d’un complot, comme le chantait dans tous les médias, l’ancien vice-président.
Quelques heures plus tard, tous les gabonais ont vu sur le service public, le communiqué marquant l’éviction de Monsieur Pierre Claver Maganga Moussavou.
Or, ce dernier, dans sa plainte a affirmé que mon article aurait influencé la décision du président de la République et que ce serait donc par ma faute, qu’il a perdu son confortable fauteuil de vice-président.
Mesdames et messieurs les journalistes, chers confrères.
Permettez moi de vous faire observer le caractère saugrenu de ces allégations.
Qui est Stive Roméo Makanga pour dire au chef de l’État de limoger l’un de ses collaborateurs ?
Cela tombe sous le sens, lorsqu’on sait que ce dernier, pour nommer ou limoger, prend appui de rapports des services spéciaux.
Et il n’a de comptes à rendre à quiconque, parceque disposant d’un pouvoir discrétionnaire.
C’est par décret du Président de la République que monsieur Pierre Claver Maganga Moussavou a été nommé. C’est par un autre décret du même président de la République qu’il a été limogé.
Il n’y a pas eu parallélisme des formes.
Mesdames et messieurs les journalistes, chers confrères.
Durant ces deux dernières années, l’ancien vice-président n’a cessé de marteler qu’il serait la grande victime d’un vaste complot ourdi contre sa personne et dont Brice Laccruche Alihanga, l’ancien directeur de cabinet du chef de l’État serait l’instigateur.
Questions. Si Pierre Claver Maganga Moussavou est si convaincu comme il l’a affirmé devant le juge, que l’ancien directeur de cabinet du chef de l’État serait le grand manoeuvrier, pourquoi n’avoir pas porté plainte contre ce dernier?
Pourquoi avoir pris le Journaliste Stive Roméo Makanga pour cible, alors qu’une comparution forcée de Brice Laccruche Alihanga a été demandée au président du Tribunal de première instance de Libreville, lors de l’audience du 21 janvier 2021?
Par ces manœuvres, l’ancien vice-président conteste sans le dire ouvertement, la décision du chef de l’État. Il a en tête un adversaire, et se sert d’un “petit” journaliste dans une affaire dont lui seul connait les profondeurs.
Au terme de l’audience du 21 janvier courant, il est parfaitement évident que le journaliste d’investigation que je suis n’est qu’un argument de propagande dont se sert l’ancien vice-président pour protester son éviction.
Mesdames et messieurs les journalistes, chers confrères.
M’appuyant sur l’ordonnance N°00000012/PR/2018 du 23 février 2018 modifiant et complétant certaines dispositions de la loi N°19/2016 du 9 août 2016 portant Code de la Communication en République gabonaise, j’ai foi en notre justice, à la solidité de nos institutions.
La décision de justice qui interviendra le 3 février prochain sera représentative de la réalité et de la vérité.
Il en va aussi de la considération du métier de journaliste au Gabon.
Je vous remercie. ”