Gabon/Setrag : Christian Magni rompt le silence concernant l’affaire du véhicule contesté

Libreville, (GM) — L’acquisition d’un véhicule tout-terrain par Christian Magni, directeur général de la Setrag, a récemment fait couler beaucoup d’encre, certains médias allant jusqu’à le qualifier de « véhicule de luxe ». L’affaire a également suscité l’attention de la Banque mondiale, soulevant des interrogations sur la gouvernance de l’entreprise.

Dans cet entretien exclusif accordé aux médias Gabon minutes et Gabon quotidien, Christian Magni revient en détail sur les circonstances de cet achat, les leçons qu’il en a tirées et les mesures mises en place pour renforcer la transparence et l’éthique au sein de ladite entreprise.

Gabon minutes : Beaucoup de médias ont évoqué un « véhicule de luxe », alors que la réalité est bien différente. Pouvez-vous préciser de quel bien il s’agissait exactement et dans quel contexte cet achat a eu lieu ?

Christian Magni : De 2016 à 2018, j’ai été directeur des installations fixes, en charge de la maintenance de la voie, puis directeur général adjoint de 2018 à octobre 2020, et directeur général depuis octobre 2020.

En 2018, j’ai mandaté le représentant de l’entreprise canadienne prestataire de la Setrag à cette époque afin de me mettre en relation avec un particulier au Canada pour l’achat d’un quad d’occasion. Cette acquisition a été entièrement financée par mes moyens personnels. Afin d’éviter tout conflit d’intérêt, j’avais pris soin d’en informer ma hiérarchie dès le début de la démarche.

Toutefois, mon employeur m’a enseigné, notamment à travers les interventions de la Banque mondiale en matière d’éthique, que ce type d’opération, bien que menée en toute bonne foi et sincérité, était à proscrire. C’est pourquoi, afin d’écarter tout doute ou scepticisme, le bien a été purement et simplement retourné au vendeur, comme en attestent les documents que je vous présente.

GM : La Banque mondiale a considéré cette transaction comme une pratique de corruption. Quelle est votre lecture de cette qualification et comment l’avez-vous vécue ?

CM : Lorsque la Banque mondiale a soulevé cette question, j’ai pris cette situation très au sérieux. La Banque a fait un lien entre ma transaction et une relance de factures en retard par un fournisseur de la Setrag. Toutefois, je tiens à préciser que cette relance concernait des factures datant de 2018 et 2019, bien avant mon achat. La coïncidence entre la relance et mon acquisition du quad est donc purement fortuite. J’ai fourni tous les justificatifs nécessaires, y compris les factures, les documents de transport et de dédouanement.

Après analyse, la Banque mondiale a conclu qu’il n’y avait pas de mauvaise foi de ma part, mais qu’il existait un risque de mauvaise interprétation. Cela m’a conduit à comprendre l’importance d’agir avec encore plus de prudence, surtout dans un environnement aussi scruté.

GM : Cette situation a forcément été un moment difficile sur le plan professionnel et personnel. Quelle leçon principale en tirez-vous en tant que dirigeant ?

CM : Cette expérience m’a profondément marqué et m’a appris l’importance de la transparence et de la communication. En tant que dirigeant, il est crucial de s’assurer que même les actions les plus personnelles soient menées avec transparence, car elles peuvent être mal interprétées et nuire à la réputation de l’entrepriseCela m’a également renforcé dans ma conviction que nous devons toujours être prêts à répondre de nos actions de manière claire et ouverte.

GM : Vous avez collaboré avec la Banque mondiale et suivi une formation en éthique des affaires. En quoi cette démarche a-t-elle changé votre approche de la gouvernance d’entreprise ?

CM : La formation en éthique des affaires m’a permis d’approfondir ma compréhension des règles et principes qui régissent la conduite des affaires à un niveau international. Elle m’a aussi fait prendre conscience des risques liés à des situations ambigües, même lorsqu’elles semblent parfaitement innocentes. Cette démarche a renforcé mon engagement envers une gouvernance plus rigoureuse, et j’ai depuis intégré des principes éthiques encore plus stricts dans la gestion de la Setrag.

GM : Comment garantissez-vous aujourd’hui que de telles erreurs ne se reproduiront plus au sein de la Setrag ? Avez-vous mis en place des mesures concrètes en interne ?

CM : Depuis cet incident, nous avons renforcé nos procédures internes, en particulier en ce qui concerne les transactions et relations avec les fournisseurs. J’ai personnellement veillé à ce que chaque membre de la direction soit formé aux principes de l’éthique des affaires. De plus, nous avons mis en place des mécanismes de contrôle renforcés, notamment des validations systématiques de toute transaction susceptible de présenter des conflits d’intérêts, même indirects.

GM : Votre crédibilité est un élément clé pour l’avenir de la Setrag. Que dites-vous à ceux qui doutent encore de votre intégrité et de votre engagement en matière d’éthique des affaires ?

CM: Je comprends parfaitement les doutes que cette situation a pu susciter. Toutefois, je tiens à assurer à tous nos partenaires et collaborateurs que mon engagement envers l’éthique et la transparence est absolu. Cette expérience m’a permis de renforcer mes convictions et de mettre en place des mesures concrètes pour garantir la bonne conduite des affaires au sein de la Setrag. Je suis plus déterminé que jamais à maintenir la confiance de ma hiérarchie, de nos partenaires et à diriger l’entreprise avec rigueur et responsabilité.

Propos recueillis par GM/GQ

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