Libreville, (GM) — Après la plupart des autres provinces du pays, c’est au tour de l’Estuaire d’accueillir, à partir de ce lundi 12 août, le chef de l’État dans le cadre de sa tournée républicaine initiée depuis plusieurs mois.
Bien qu’à peine perceptible par le grand public à quelques heures de l’entame de cette visite, l’enthousiasme y relatif est bien réel dans les lieux feutrés et autres cénacles discrets de l’establishment sociopolitique estuairien. Les réunions préparatoires se sont succédées, les appels à la mobilisation ont été visibles et audibles, et la volonté de remporter la palme d’or de l’accueil au plan national n’est guère un point de détail dans ce contexte.
Profondes divisions
Pour autant, les divisions de toutes sortes sont une réalité de longue date dans cette province locomotive du reste du Gabon à plusieurs égards. Parmi celles-ci, on note au plan sociologique et culturel que la Communauté Mpongwe est confrontée à un clivage profond en son sein (né d’une guerre de leadership qui a du mal à connaître son épilogue), que la Communauté Fang, quant à elle, demeure en quête d’une influence d’antan, mais aujourd’hui hypothétique, car affaiblie par des conflits d’egos persistants (davantage pour des raisons politiciennes), et que les populations dites « flottantes » ne comptent plus être considérées comme une composante sociologique de seconde zone, bien que les citoyens concernés ne l’expriment pas de manière concertée et organisée.
Sur le plan du développement territorial, bien que des actions soient conduites pour améliorer la voilure en matière infrastructurelle, notamment depuis le début de la Transition, la province fait toujours face à un manque de production intrinsèque dans les différents secteurs. Le développement n’est point une réalité partagée de manière homogène. Les problématiques foncières et urbaines semblent toujours d’actualité et complexes quant à leur résolution durable. Même si toutefois, il faut par ailleurs noter une évolution appréciable dans le secteur des services liés aux nouvelles technologies de la communication et de l’information.
Devant ce tableau mitigé, les défis à relever sont donc nombreux et variés. Toute chose qui nécessite plus que des mesures et solutions parcellaires. Il y va même de la survie de certaines circonscriptions telles que le district de Nzomoe où il manque tout ou presque, y compris une démographie suffisante pour envisager dans l’immédiat une plus grande et meilleure présence de l’État.
Une visite source d’espoirs et d’attentes fortes
Comme partout où il est passé à l’intérieur du pays, Brice Clotaire Oligui Nguema est également accueilli en véritable porteur de bonnes nouvelles par les populations de l’Estuaire. Hormis celles attendues pour pallier les difficultés sus-énoncées, de grands chantiers pourraient être annoncés par celui que bon nombre de compatriotes considérent comme le libérateur du peuple. D’autres déjà en cours pourraient faire l’objet d’une annonce de leur achèvement accéléré.
Mais à ce stade, les divisions ici évoquées ne devraient pas manquer d’occuper également le discours du chef de l’État à chaque étape de ce périple estuairien, tant elles sont susceptibles de ralentir insidieusement, mais réellement la dynamique globale impulsée par le CTRI depuis son avènement. Il reste à savoir ce qu’en feront les filles et fils de cette province berceau de l’indépendance du Gabon.
Paul Nkori