Libreville, (GM)- Pour beaucoup d’observateurs avisés, si le Centre des Libéraux Réformateurs (CLR) était un navire dans les eaux tumultueuses de la vie politique gabonaise, sa situation actuelle serait une paralysie en haute mer, en prélude à un naufrage imminent.
Une lettre ouverte non datée, signée d’un militant se revendiquant d’une légitimité et d’une représentativité à établir, voire à vérifier. Un texte plaintif dont l’objet est de dénoncer un CLR « familial », en réitérant à Jean Boniface Assele la flamme militante de l’auteur (voir photo ci-jointe) comme raison de son adhésion d’antan au Parti du Général, illustre personnage et vieux briscard d’un monde politique local où les apparences ne sont pas toujours vitrines de la vérité, ni même de la réalité. C’est à ce « papier » qu’ont eu droit les membres du directoire du CLR, au sortir de leurs derniers travaux convoqués le samedi 23 octobre dernier.

Mais à lire entre les lignes ce qui s’apparente davantage à un tract, et au vu de l’enquête menée par nos soins en vue du présent article, une cible est toute désignée en filigrane: Nicole Assele, l’actuelle Déléguée générale du CLR.
Comme théâtre contextuel de cette animosité, il y a cette gueguerre interne qui continue de sévir entre deux camps désormais bien identifiés, à savoir: les tenants d’une modernisation du Parti (qui se réclament de Nicole Assele) et ceux d’un conservatisme nostalgique visant à redonner l’exclusivité du gouvernail et de la décision au seul Jean Boniface Assele. Pour ce dernier groupe, plus question donc de Délégation générale. « Le Président-Fondateur » doit reprendre « son » Parti en main et le diriger directement comme jadis!
Mortifère et vraisemblablement entretenu par les uns en vue de la sauvegarde d’intérêts particuliers et inavouables, subi par les autres comme un motif de découragement et un frein majeur à l’avancée impérieuse du CLR, ce conflit paraît de toute évidence loin, très loin de lui permettre d’atteindre une dimension ou des objectifs politiques clairs et salutaires pour son avenir. Toutes choses qui seraient plutôt considérées comme « dangereuses » par quelques figures taxées d’intrigantes dans les couloirs du Cabaret des Artitstes, siège « légendaire » de cette formation politique.
Pourtant, en dépit du soupçon de dévolution dynastique qu’a pu revêtir l’arrivée en septembre 2019 de Nicole Assele à la tête de l’exécutif du Parti, celle-ci a objectivement apporté une sorte de souffle nouveau. En tout cas pour beaucoup de militants. A tel point que, dit-on, certains cadres finirent par revenir au « bercail » célériste, ou encore par ne plus démissionner tel qu’ils le ruminaient jusqu’alors. La campagne nationale d’installations qui s’en est suivie quelques mois plus tard a confirmé ce regain d’espoir et a même fini par convaincre l’opinion que le réveil du CLR était définitivement en marche!
Malheureusement pour l’ancienne ministre des Sports, il n’en fallait pas plus pour s’attirer les foudres de quelques forces internes, apparemment plus promptes à l’inertie qu’à voir le parti retrouver ses lettres de noblesse. Des forces antagonistes alors mobilisées pour persuader Jean Boniface Assele que cette redynamisation se faisait contre lui. Un véritable comble pour quelques-uns des militants interrogés par notre rédaction au cours de nos investigations!
Notre enquête revèle d’ailleurs qu’il n’aurait pas fallu grand-chose pour que certains orphelins de l’ère « Tout Jean-Boniface Assele » perçoivent la volonté de changement de « Ya Nicole » comme une véritable menace contre leurs différents fonds de commerce personnels. Des arrières-boutiques bien souvent nourries, semble-t-il, par leur apparente proximité avec le Général inamovible. Une proximité à laquelle ces courtisans donneraient volontiers, dit-on, des allures d’une promiscuité morale, propice aux peaux de banane et à toutes les instrumentalisations imaginables. Cette promiscuité grâce à laquelle, en outre, d’aucuns pousseraient l’insulte à vouloir faire de Jean Boniface Assele leur marionnette via un prétendu « attachement indéfectible et sentimental » à son égard!
Après une longue période d’accalmie, les hostilités semblent reprendre de la part de ceux pour qui Nicole Assele doit absolument « dégager ». Et certainement avec elle tous ceux qui lui sont proches et loyaux. Articles de presse aux contenus clairement hostiles, lettre ouverte et menace de démission collective, etc…le tout vraisemblablement inspiré, voire fomenté, par des « anti-Nicole » se considérant comme les « maîtres à penser » de Jean-Boniface Assele, sont autant de coups en dessous de la ceinture portés contre la patronne actuelle de l’exécutif célériste.
Des manœuvres qui entrent étrangement en résonance avec ce que clame et revendique dorénavant haut et fort le Fondateur octogénaire, poussé par les mêmes artisans de l’intrigue permanente, à savoir: le retour à l’ordre ancien au sein du CLR!
Comme les épisodes passés de ce feuilleton semblent le démontrer, pour Nicole Assele, il est d’abord question du respect strict des textes du dernier Congrès. Celui-là même qui l’a portée aux fonctions qui sont les siennes, avec la totale bénédiction et en présence de son Fondateur de père. Ce qui n’a point empêché celui-ci de se voir souvent rappelé, par son Délégué Général de fille, la nécessité d’observer scrupuleusement les règles arrêtées par tous de commun accord. Surtout à l’occasion de leur supposé outrepasement par lui-même qui, pourtant, en est le principal garant.
Au bout du compte, formation jadis aux avant-postes de l’échiquier politique national, le CLR ne paraît de plus en plus que l’ombre de lui-même. Miné qu’il est, de toute évidence (et sans que cette appréciation ne provienne d’un quelconque parti-pris), par une absurde et endogène logique conflictuelle rédhibitoire, le condamnant à faire du surplace et même à reculer en permanence, sous l’impulsion d’individus estimant que leurs prébendes surpassent et comptent bien plus que l’intérêt collectif. Tout ceci et cela, quitte à faire de Jean Boniface Assele leur otage pour anihiler les efforts visant à faire sortir le Parti des sentiers battus.
Dans ce climat devenu exécrable, le vieux Général se laissera-t-il réellement manipuler jusqu’au point de rupture total avec sa fille? Son entourage immédiat estime que non. Ceux qui aiment vraiment le CLR également.
Comme diraient certains connaisseurs de l’homme, « On ne peut manipuler Assele. A plus forte raison contre sa propre fille ! ».
Attendons voir…
Simplice Rabaguino