Libreville, (GM) — Dans un contexte médiatique national marqué par une exigence croissante de redevabilité publique, une figure se distingue par son ton (tantôt incisif, tantôt énigmatique), son courage verbal et sa posture critique sans concession : Chamberland Moukouama, qu’il plaît à certains de qualifier de pourfendeur « cash ».
Ancien animateur de télévision rompu au traitement tranchant des actualités et faits de société, analyste politique (sans être polémiste épidermique) ou simple citoyen engagé, Eric Chamberland Moukouama s’est imposé comme une sorte de contre-pouvoir médiatique et intellectuel incarné, n’épargnant ni les pouvoirs publics ni les figures politiques établies, y compris parfois les plus en vue. Ses interventions, souvent effectuées et relayées sur les réseaux sociaux, sont devenues virales en raison de leur ton assez direct, de leur érudition à peine dissimulée et de leur dimension quelques fois provocatrice.
« Je ne suis pas contre telle ou telle personnalité, je suis contre les systèmes de domination et de manipulation », aime-t-il rappeler, dans un style qui oscille entre réserve déontologique et cri d’alarme citoyen.
Une posture de veilleur, au-delà de la critique facile
Loin de se limiter à une dénonciation systématique, Moukouama se distingue par une approche analytique des enjeux nationaux. Il déconstruit ou décrypte les discours officiels, met en lumière les contradictions politiques, et interroge la cohérence des réformes annoncée ou des critiques formulées. Ses cibles sont multiples : immobilisme administratif, clientélisme politique, ou encore communication politique jugée « cosmétique ».
Son discours s’inscrit souvent dans une philosophie de la responsabilité collective, appelant les citoyens à s’impliquer davantage dans l’amélioration des politiques publiques, ou à se départir de la passivité et exiger plus de transparence, de justice sociale et d’efficacité de leurs dirigeants.
Une figure singulière mais écoutée
Sans être encarté dans un parti ni détenteur d’un mandat électif, Chamberland Moukouama influence pourtant les débats publics. Affable et doté d’une culture générale tirant racine de sa passion pour la littérature, redouté par certains thuriféraires allergiques au vrai et alchimiste du faux, il incarne cette nouvelle génération d’intellectuels médiatiques gabonais qui refusent le silence face à ce qu’ils considèrent comme les dérives d’une société encore trop émaillée de dérives en tous genres.
Ses critiques virulentes lui valent parfois des accusations de radicalisme ou de populisme, mais son positionnement, fondé sur des faits et une logique argumentée, à fini par lui donner une crédibilité croissante dans l’espace public.
Pourfendre pour mieux construire ?
À la question de savoir s’il aspire un jour à entrer lui-même dans l’arène politique, Chamberland Moukouama reste évasif. « Ce pays a d’abord besoin de citoyens debout avant d’avoir besoin de candidats en campagne », répond-il, fidèle à son style énigmatique.
Mais une chose est certaine : à l’heure où les peuples africains demandent des comptes à leurs élites, la voix de Chamberland Moukouama est celle d’une génération qui ne veut plus subir mais comprendre, contester, éclairer et proposer. Dans le tumulte d’un Gabon en reconstruction démocratique, Chamberland Moukouama s’impose comme une boussole critique. Ni prophète, ni tribun, mais pourfendeur au service d’une conscience nationale en éveil.
Paul Nkori