Gabon : Brice Laccruche Alihanga dépeint Ian Ghislain Ngoulou en marionnettiste zélé de son “calvaire carcéral”

Libreville, (GM)- C’est une déclaration qui fait l’effet d’une bombe. Invité dernièrement sur le plateau du journal Afrique de TV5 Monde, Brice Laccruche Alihanga (BLA), ancien directeur de cabinet d’Ali Bongo et aujourd’hui conseiller stratégique de l’Union démocratique des bâtisseurs (UDB) de Brice Clotaire Oligui Nguema, a livré un témoignage accablant sur les quatre années de détention qu’il a passées dans les geôles gabonaises, en désignant nommément Ian Ghislain Ngoulou, ex-maître à penser de Nourredin Bongo Valentin, comme l’un des principaux instigateurs de ce qu’il qualifie de “persécution politique orchestrée”.

Dans cet entretien à la fois bouleversant et troublant, l’ancien leader de l’AJEV est revenu en détail sur ce qu’il a vecu comme un “enfer organisé”. Son récit fait état de son isolement quasi-total dans une cellule de six mètres carrés, de sa perte brutale de poids et de l’apparition du cancer du côlon qui l’affecte et non diagnostiqué à temps. Une situation qu’il impute à un “acharnement méthodique”, soigneusement planifié pour l’anéantir politiquement, voire même physiquement.

“Ce n’était pas une simple détention, c’était une exécution lente et froide d’un adversaire devenu gênant pour le système,” a déclaré l’ancien homme fort du Palais du bord de mer, visiblement encore marqué par ces moments extrêmement difficiles.

Un système établi de répression politique ?

Selon Laccruche, cette descente aux enfers ne serait pas le fruit du hasard, encore moins uniquement liée à de simples accusations judiciaires. Pour lui, elle s’inscrivait dans le cadre d’une stratégie du clan Bongo, visant à éliminer toute concurrence à la montée de Nourredin Bongo Valentin, alors perçu comme l’héritier du pouvoir familial.

Sans fioriture ni complaisance, ce témoignage évoque un ancien régime aux pratiques mafieuses, dans lequel la justice aurait été instrumentalisée pour mener une véritable “purge silencieuse”. Pour illustrer son propos, BLA cite notamment une visite qu’il a reçue en juin 2023 de Ian Ghislain Ngoulou en prison, au cours de laquelle ce dernier lui aurait déclaré: “Je porte tes vêtements, je vis chez toi. Et après les élections, tu prendras 25 ou 30 ans.” Des propos glaçants, qui laissent entendre que son sort était déjà scellé bien avant tout jugement officiel.

Un témoignage qui fragilise davantage le clan Bongo

Cette sortie médiatique de BLA intervient dans un contexte de remise en cause profonde de l’ex-pouvoir en place, déjà ébranlé par les révélations et critiques sur sa gouvernance. Elle apporte un éclairage nouveau sur les pratiques du pouvoir déchu et interroge sur l’ampleur de l’appareil répressif jadis en vigueur à Libreville.

Quel que soit ce que peut en penser, le duo Nourredin Bongo – Ian Ghislain Ngoulou apparaît dans cette histoire comme le fer de lance d’un système visant à neutraliser les figures montantes de l’appareil politique, quitte à utiliser la justice et les institutions à des fins de vengeance personnelle ou d’intimidation.

Et maintenant ?

Alors que le Gabon tente de se reconstruire dans un nouvel élan politique, les propos de Brice Laccruche Alihanga relancent le débat sur la nécessité d’un vrai processus de vérité et de réconciliation. Le témoignage jette une lumière crue sur une période sombre de la vie politique gabonaise et pose la question fondamentale suivante : la démocratie peut-elle vraiment s’enraciner sur les cendres d’un système fondé sur la peur et la répression ?

En brisant le silence, Brice Laccruche Alihanga semble ouvrir une brèche. Il reste désormais à savoir si d’autres voix s’élèveront, si des enquêtes indépendantes verront le jour, et si la vérité pourra, un jour, l’emporter sur l’omerta qui entoure encore aujourd’hui cette période passée mais si trouble pour les institutions gabonaises.

VYL

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