Libreville, (GM)- La nomination d’Alain-Claude Bilie By Nze au poste de Premier ministre fait couler entre et salive, comme elle suscite à la fois éloges et indignations. Des éloges dus d’abord au parcours de l’homme en qui d’aucuns voient le personnage héroïque d’une histoire personnelle heurtée et à rebondissements. Des propos et interventions indignés, souvent exprimés sous un prisme tyrannique, bâti sur des vérités populaires imaginaires et généralement martelées à l’encontre du nouveau chef du gouvernement pour le disqualifier ou lui renier tout mérite.
Étudiant à l’Université Omar BONGO dans les années 90, il avait déjà une voix qui portait. Il était déjà un leader. Et comme pour tout leader, en herbe ou confirmé, les attaques fusaient déjà contre lui. Les controverses suivirent, les infortunes également.
Pour autant, déjà manifestement doté d’une psychologie de gladiateur qui lui a permis jusqu’ici de ne jamais fléchir devant toutes sortes d’adversités, Alain Claude Bilie By Nze parvint, dans ces sombres et difficiles moments post-estudiantins, à remonter lentement, mais sûrement la pente raide qu’oblige parfois à affronter le destin des grands hommes.
À l’occasion de ce passage à vide durant plusieurs années, il a su démontrer une image à la Billy le Kid. Non pas à cause d’une supposée inclinaison pour la criminalité dont ce personnage du far-west américain est emblématique, mais plutôt en référence à la témérité et au courage légendaires de ce dernier. Le souci d’une résonance avec le patronyme « Bilie » n’était pas non plus pour rien dans l’usage de ce surnom.
Alain Claude, pour les intimes, est en effet un homme de combats et de défis. Il aura tout vécu, du pire au meilleur et vice-versa. De la disgrâce d’antan à son heure de gloire actuelle, l’homme est demeuré un dur à cuire chez qui les humanités académiques contrariées ou empêchées n’ont jamais réussi à tuer une extraordinaire intelligence des situations et une capacité chevaleresque d’adaptation.
Porte-parole de la Présidence de la République, il a redonné de la consistance et de l’épaisseur à ce rôle délicat qui ne lui valut pas que des amabilités. Membre du gouvernement depuis 2015, sa montée quasi-solitaire, lors de l’élection présidentielle de 2016, au front de la communication offensive du régime en place, reste ineffaçable de la mémoire collective nationale.
Détesté et redouté, souvent en raison de son itinéraire politique non monocolore mais en réalité pour sa vivacité d’esprit hors du commun qui le rend quelque peu rebelle aux sentiers battus et schémas éculés, le nouveau Premier ministre, chef du gouvernement, est pour le moins tributaire d’une destinée obstinément insubmersible. Un privilège vraiment exceptionnel dont seuls les hommes de pouvoir peuvent être gratifiés !
Par Simplice Rabaguino