Libreville, (GM) — Les dernières investitures du Parti démocratique gabonais pour les prochaines élections locales et législatives semblent décidément porteuses de conflits inextricables au sein de cette écurie. La Ngounié-sud, zone regroupant les départements des trois « Louetsi » et l’Ogoulou, présente à ce sujet des risques énormes de déflagration électorale pour le parti au pouvoir. Dand ce second article, nous nous appesantissons sur les situations prévalant dans la Louetsi-Wano et la Boumi-Louetsi.
Que ce soit à Mbigou, à Lebamba, à Mimongo ou à Malinga, l’imminence des élections générales du 26 aout 2023 n’est manifestement pas source de sérénité pour le camp de la Majorité présidentielle. Et pour cause, le ciel politique y paraît nuageux pour lui en raison de choix jugés comme « injustes », voire « suicidaires », quant aux identités et profils des acteurs retenus pour défendre le PDG dans les différentes circonscriptions.
UN CONSTAT INQUIETANT DANS CHACUN DES DÉPARTEMENTS (SUITE ET FIN)
La Boumi louetsi n’échappe point à cette confusion endémique. Dans les trois sièges, c’est le feu de la contestation qui couve sous le calme apparent. Au premier siège, le « camarade : Moukoundzi Cyriaque n’a pas le sommeil tranquille pour des raisons internes au parti. À ce qui se dit intra muros, la majorité des membres du bureau politique du PDG nouvellement nommés dans ce siège sont des transfuges du SDG de la défunte nébuleuse ajevienne. Ce choix controversé a occasionné la mise à l’écart des personnalités que sont Boucka Maganda, Alice Amiar Ovenga, Mikouandza Tonda et Mombo Dieudonné. Les mauvaises langues du coin désignent déjà, là aussi, ces « camarades » comme les responsables de la défaite envisagée des « impétrants » retenus, eu égard à l’obstacle Ndoungou Lekambo et consorts. Au 2ème siège, Martin Moulengui Mabende n’a eu qu’une joie de courte durée après sa nomination au gouvernement et son investiture déjà contestée. Pas sûr qu’il puisse compter sur Moulengui Mouele, Aristide Mayombo, Madoungou Mouele, Mbagou Avellin, Makouaka Alex et Tsamba Pierre qui, eux aussi, sont déjà soupçonnés d’être les artisans de l’échec envisageable de la campagne du prétendant qui sera sur la ligne de départ au nom du PDG. L’ambiance n’est pas meilleure au troisième siège où devant des vieux loups tels que Narcise Massala Tsamba, ou encore face à de nouveaux acteurs tel que le candidat présenté par l’UNI, véritable épouvantail issu du monde pétrolier, le député sortant pourrait mordre la poussière en raison d’un entourage jugé « antipathique » par certains, mais aussi à cause d’un bilan « problématique » pour beaucoup de membres de l’électorat départemental.
Dans la Louetsi-wano, tout va en vrille. Contrairement à Jean Lambert Idodo et Edgard Moukoumbi, qui semblaient l’un et l’autre pourtant réunir tous les critères nécessaires pour être chacun le porte-flambeau du PDG au siège unique de Lebamba, c’est plutôt Léandre Bouloubou qui a eu les faveurs des instances Louisienne du PDG, ceci au grand étonnement de la hiérarchie locale du parti et sous le feu de critiques acerbes. Technocrate de haut vol et reconnu, il n’est néanmoins que peu visible sur le terrain politique local. Haut-fonctionnaire ayant occupé tour à tour des postes administratifs et politiques importants, dont celui emblématique de coordonnateur du projet GRAINE, sa carrière politique de terrain, quant à elle, parait néanmoins moins fournie.
Longtemps homme de main de Régis Immongault, ses détracteurs disent de lui qu’il était toujours « dans les valises » de ce dernier à Lastourville, pendant que, toujours selon eux, Flavien Nzengui Nzoundou, Hilaire Machima et bien d’autres pédégistes se frottaient à l’âpre adversité du terrain louvanois, depuis 1996, pour défendre les couleurs du PDG à Lebamba. Devenu dès 2016 une coqueluche du « baron » de la Dola évoqué plus haut, en tout cas d’après d’autres observateurs, il aurait fait la part belle à Ndende, dans le cadre de sa gestion du programme GRAINE, au détriment de Lébamba sa localité natale. S’agissant du choix porté sur lui, d’aucuns se demandent de qui ou de quoi relève réellement celui-ci. Etant entendu que, d’après certaines voix, ni Flavien Nzengui Nzoundou, ni l’exécutif local, n’auraient été au préalable consultés en vue de cette décision. Serait-il le fruit d’un parachutage venu, là encore, de Ndendé? Pas si sûr, mais la question vaut en tout cas son pesant d’or. Quoi qu’il en soit l’ancien aide de camp d’Omar Bongo, son entourage immédiat, Edgard Moukoumbi et Jean Lambert Idodo sont tous, eux aussi déjà pointés du doigt comme auteurs de la défaite possible de Léandre Bouloubou aux législatives à venir.
ALI BONGO VERITABLE VICTIME DE CE CLIMAT DÉLÉTÈRE ?
Au regard des dangers que revêt ce désastreux contexte quasi-général dans la Ngounié-sud politique pour le parti au pouvoir, sans réel moyen de pression politique en amont pour lui, Ali Bongo Ondimba en est indiscutablement la plus grande potentielle victime. Ces attaques ouvertes entre camarades du même camp, empreintes d’escarmouches verbales ou par presse interposée, ne peuvent évidemment laisser présager un avenir électoral en confiance pour la vieille et grande maison PDG, bien qu’elle soit finalement coutumière de secousses multiformes à l’orée de chaque élection présidentielle depuis 1993. S’en sortira-t-elle encore cette fois-ci ? Mystère et boule de gomme. Dans tous les cas, ça craint.
SR