PDG/Lebamba: Jean Lambert Idodo veut « fédérer toutes les énergies positives » de la localité

Libreville, (GM) — Auréolé de sa toute récente promotion au Bureau politique du Parti démocratique gabonais pour le compte de Lebamba, Jean Lambert Idodo nous a accordé une interview. Une occasion pour lui de donner son analyse froide et lucide sur le contexte sociopolitique de cette contrée rurale, non sans esquisser quelques perspectives intéressantes pour l’unité des filles et fils du département de la Louetsi-Wano.

Gabon Minutes : Qui est donc Jean Lambert Idodo?*

Jean Lambert Idodo: Je suis le fils de feu Pascal Idodo et de feue Wamba Véronique. Je suis des clans Maghamba de par le père et bassanga de par la mère. Né dans une famille polygame de près d’une quinzaine d’enfants, je suis le 5ᵉ des huit enfants que ma mère a eu dans son mariage avec mon défunt père. Marié, je suis père de cinq enfants.

Sur le plan professionnel, après mes études en informatique au Sénégal, j’exerce dans une entreprise privée de BTP, en l’occurrence, la SABA BTP, toutes mes excuses pour la publicité gratuite, où j’occupe les fonctions de Directeur Général Adjoint (DGA) depuis près 20 ans. Sur le plan politique, je milite sans discontinuité au PDG depuis 1996 où j’ai gravi toutes les marches pour en être aujourd’hui l’un des MBP au compte du Département de la Louetsi-Wano.

Sauf oubli éventuel d’un détail, voici brièvement qui est Jean Lambert Idodo. (Sourire)

GM : Au lendemain de votre promotion au Bureau Politique du PDG, que dire de l’environnement politique qui est le vôtre, c’est-à-dire Lebamba?*

JLI: La scène politique départementale est caractérisée par une sorte de clair-obscur. Côté clair, toutes les sensibilités s’y retrouvent et s’y expriment. L’opposition et la majorité y cohabitent aujourd’hui sans heurt, contrairement au passé. Et après tout, c’est normal. Les différents acteurs sont souvent des mêmes familles. Ce qui rendra la confrontation politique moins rude à l’avenir. C’est-à-dire débarrassée des attaques interpersonnelles.

S’agissant de la dimension obscure, je vous dirais qu’elle est similaire à celle de tout autre environnement politique : coups-bas et peaux de banane, blocages de toutes sortes contres des adversaires ou des concurrents, problèmes de cohabitation intergénérationnelle, etc, tout cela est observé à Lebamba comme ailleurs.

Mais, pour être plus complet, permettez-moi de revenir un tout petit peu sur les grands moments qui ont marqué et continuent de marquer l’histoire politique du Département de la Louetsi-Wano. J’en distingue principalement quatre. Le premier est celui qui correspond à la fin des années 80. Il fut marqué par la présence de doyens tels que feux Bomby a nzengue, Jean-Daniel Mayombo et Nguimbi Christophe, ainsi que par d’autres personnalités encore en vie que sont Fidèle Mounanga, Bomba Théophile, Massala Malonga et Nzala Samuel, qui firent face au vent de la contestation du régime par les Bûcherons de Paul MBA Abessole, notamment avec le célèbre épisode de l’arrestation de Koussou Inama, Honoré Boutchanga, etc. Les ambassadeurs locaux de cette contestation furent feux Mikala Guy Romain, Tchinga Fulbert, Hilaire Machima, Fulbert Nzima, etc, ainsi que les contemporains tels que Matsemba Apollinaire, Moulengui Boukosso Vincent, Tsoumbou Bakana Voga Moudoubou, etc.. Après cette période tumultueuse, dès 1996, les jeunes universitaires que sont notamment feux Hilaire Machima et Ngoubou Benjamin, avec à leur tête Gilbert Koumangoye, vont bousculer ce landerneau politique départemental et assurer progressivement la relève. Arrive enfin, en 2007, l’ère marquée par l’ancien Aide de camp du Président Omar Bongo qui venait de se faire nommer ministre. Dès lors, les lignes commencèrent à bouger, avec des frustrations liées à de fortes ambitions manifestement contrariées, en l’occurence, celles que nourrissait Hilaire Machima, qui a été candidat en 2001 et battu par Benjamin Ngoubou, avec lequel il avait pourtant combattu auparavant certains aînés. La quatrième période, quant a elle, c’est l’actuelle. Le point saillant de celle-ci avec la décision du Général Flavien Nzengui de ne plus briguer les postes électifs, et donc de jouer désormais le rôle de Doyen politique. De ce fait, on assiste à une confrontation assez âpre entre des personnes cinquantenaires sur le champ politique local. C’est un temps dans lequel tout le monde aspire à jouer le premier rôle politique de la localité. Bref, comme vous pouvez le voir, Lebamba n’a presque jamais été un terrain politique paisible (rire). Mais nous l’aimons tous ainsi. C’est une terre de démocratie, comme en témoigne d’ailleurs le NON de notre localité au référendum historique de 1958 sur la Loi Gaston Defferre.

GM: Quelles solutions préconisez-vous pour de lendemains meilleurs entre les enfants de la Louetsi-Wano dont vous faites partie?

JLI: (Petit moment de réflexion)… Apparemment anodine, votre question est en réalité plus difficile qu’elle ne paraît. Mais pour y répondre un tant soit peut, je pense tout d’abord qu’un retour aux fondamentaux culturels et traditionnels, basés sur la lignée, le clan et la tribu, est la priorité absolue. Ce retour est rendu urgent par des violations regrettables et répétées d’un certain code de bonne conduite indispensable à une parfaite cohésion communautaire. La haine viscérale et l’hypocrisie persistante de certains fils et filles de Lebamba vis-à-vis d’autres fils et filles de Lebamba, et vice-versa, est devenue insupportable. Ces dérives ont souvent lieu de manière injustifiée et mécanique. C’est un véritable comble. Je ne parle même pas de cette tendance que nous avons chez nous de ne plus respecter la parole donnée ni nos ainés, sans oublier cette propension que nous avons à n’entretenir maintenant que des relations intéressées et hypocrites, fondées sur l’égoïsme, l’égocentrisme et le mépris du prochain.

Sur le plan politique, il urge également d’adopter de nouvelles attitudes et pratiques. Les enfants de Lebamba doivent se départir de cet étiquetage nocif qui créé des murs à la place de ponts. Nous devons nous inspirer de ce qui se fait de mieux ailleurs en matière de vivre-ensemble. Le Woleu-Ntem en est un modèle. Fédérer toutes les énergies utiles au développement de notre contrée est l’un des axes essentiels de mon action en tant qu’acteur politique local et fils de ce département. Nous devons tous travailler à cela. Au risque, sinon, de disparaître en tant que Louvanois et fiers de l’être.

GM: Votre mot de fin?

JLI: Je dis tout simplement merci à vous et à votre organe de presse de m’avoir donné l’occasion de m’exprimer sur Lebamba. Je me considère comme un élève à l’école des anciens, y compris en politique. Ma porte vous est ouverte, comme elle l’est à toutes les louvanoises et tous les louvanois. Bonne continuation à vous!

Interview réalisée par Simplice Rabaguino

GM

 

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