Bourses d’études : le Gabon ferme les portes du rêve américain dès 2026

Libreville, (GM) — Le président Brice Clotaire Oligui Nguema annonce récemment la suspension des bourses d’études vers les États-Unis, le Canada et peut-être même la France à partir de 2026. Un changement aussi audacieux que surprenant, qui suscite autant d’adhésion que d’inquiétudes.

La nouvelle est tombée comme un couperet. Dès 2026, les étudiants gabonais ne pourront plus bénéficier de bourses d’État pour poursuivre leurs études aux États-Unis, au Canada et probablement en France. L’annonce a été faite par le chef de l’État, Brice Clotaire Oligui Nguema, lors d’une rencontre avec la diaspora à Washington, en marge de sa visite officielle au pays de l’oncle Sam.

À travers cette décision, le gouvernement entend réduire les coûts faramineux liés aux études dans ces pays dits « onéreux » et répondre à un problème devenu structurel : la fuite des cerveaux. « Nos enfants qui partent dans ces pays ne reviennent jamais. Ce sont des investissements perdus pour la Nation », a déclaré le président.

Des coûts jugés excessifs

Pour justifiée un tel choix, le président pointe du doigt une réalité budgétaire difficile à ignorer. Le financement d’un étudiant en Amérique du Nord peut atteindre jusqu’à 60 000 dollars par an (près de 33 millions de FCFA), sans garantie de retour au pays. Selon les données officieuses, plusieurs milliards de FCFA sont dépensés chaque année pour former des jeunes qui s’installent ensuite à l’étranger.

Face à ce constat et dans le contexte économique contraint actuel, le gouvernement veut recentrer ses efforts vers des pays de formation « stratégiques et plus accessibles » comme le Maroc, le Sénégal ou encore le Ghana, par exemple.

Une volonté de recentrage africain

Cette décision devrait s’accompagner d’une refonte de la politique nationale d’attribution des bourses. L’objectif étant de renforcer la coopération universitaire avec des partenaires africains, tout en maîtrisant les dépenses publiques. L’État entend également encourager les étudiants à se former localement ou dans des institutions régionales aux standards académiques reconnus.

Pour de nombreux observateurs, ce choix s’inscrit certainement dans une dynamique assumée, visant à valoriser les capacités de formation du continent.

Une réforme clivante

Si la mesure est saluée par certains comme un acte de responsabilité budgétaire, elle soulève toutefois de sérieuses interrogations. Pour plusieurs étudiants et parents, elle risque de brider les ambitions de ceux qui rêvaient d’intégrer des universités prestigieuses à l’étranger, dans des domaines d’excellence difficilement accessibles sur le continent. « Pourquoi nous priver d’une formation de qualité à Harvard, McGill ou la Sorbonne ? », s’interroge un bachelier rencontré à Libreville. « La solution n’est pas d’interdire, mais de mieux encadrer et de faire revenir les diplômés. », ajoute un autre.

Les défis à venir

Pour que cette réforme porte ses fruits, le gouvernement devra relever plusieurs défis que sont le renforcement de l’offre d’enseignement supérieur au Gabon, la mise en place de partenariats solides avec des universités africaines, l’ouverture de débouchés professionnels attractifs aux jeunes diplômés. Des mesures d’accompagnement, comme des clauses de retour ou des programmes de réinsertion professionnelle, pourraient également permettre d’atténuer les effets pervers de cette décision radicale.

En définitive, la suspension des bourses vers l’Occident constitue un tournant majeur dans la politique éducative du Gabon. Reste à savoir si cette réforme contribuera réellement à freiner la fuite des cerveaux et à renforcer le capital humain national, ou si elle ne fera que déplacer le problème ailleurs. Une chose est sûre : le débat est lancé, et les prochains mois seront décisifs pour l’avenir des jeunes Gabonais en quête d’excellence académique.

Simplice Rabaguino

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