Libreville, (GM)– A l’occasion de la Journée de l’Afrique célébrée le 23 mai de chaque année par l’ensemble des employés de la banque panafricaine UBA, la directrice générale de l’institution bancaire au Gabon, Eugenia Onyekwelu, exprime dans ces colonnes ce que devrait être le rôle de la femme dans l’édification des nations africaines.
Il y a quelques années à peine, prendre la parole publiquement sur le rôle des femmes africaines dans la construction de nos nations pouvait sembler militant, presque audacieux. Aujourd’hui, c’est une nécessité stratégique. Car l’avenir de l’Afrique — politique, économique, social — repose sur notre capacité à intégrer pleinement les talents féminins dans tous les secteurs de la vie. En tant que cheffe d’entreprise et Directrice générale de UBA Gabon, j’ai l’honneur et la responsabilité de contribuer à cette dynamique, mais aussi de porter une voix.
L’Afrique change. Elle change vite. Mais elle ne changera durablement que si ce mouvement inclut les femmes, et pas simplement comme bénéficiaires du développement, mais comme actrices centrales, comme bâtisseuses.
Une histoire invisible, pourtant essentielle.
L’histoire du continent africain est pleine de figures féminines puissantes : reines, guerrières, commerçantes, intellectuelles, diplomates… Pourtant, trop souvent, ces femmes n’ont pas eu la reconnaissance qu’elles méritaient. Elles ont été reléguées aux marges du récit des nations, alors qu’elles en constituaient les piliers silencieux.
Dans les familles, ce sont les femmes qui assurent la cohésion sociale. Dans les communautés, elles sont les premières éducatrices, les premières entrepreneuses, parfois dans l’informel, mais avec un impact concret sur le tissu économique local. Dans les institutions, quand elles y accèdent, elles incarnent souvent des modèles de rigueur, d’intégrité et de leadership inclusif.
Ce rôle historique, trop peu documenté, doit aujourd’hui être reconnu, valorisé et amplifié.
L’économie africaine a besoin de ses femmes.
Dans mon secteur, la finance, je vois chaque jour à quel point les femmes sont des agents de transformation. Elles créent des entreprises, gèrent des coopératives, innovent dans les fintechs, pilotent des structures formelles comme informelles, avec une résilience admirable. Mais elles continuent à faire face à des obstacles structurels : accès limité aux financements, manque de formation adaptée, représentation insuffisante dans les instances de décision.
En tant que banque panafricaine, UBA a choisi de s’engager résolument pour l’inclusion financière des femmes. Cela passe par des produits bancaires pensés pour elles, des programmes de mentorat, du soutien à l’entrepreneuriat féminin et une politique interne forte en faveur de la parité. Car une économie qui exclut 50 % de ses forces vives est handicapée sur les projections de croissance espérée.
L’éducation, un levier fondamental.
On ne saurait parler d’édification nationale sans évoquer le rôle de l’éducation. Les chiffres sont clairs : plus une femme est instruite, plus elle investit dans la santé, l’alimentation et l’éducation de ses enfants. Elle devient ainsi un moteur de développement intergénérationnel.
Investir dans l’éducation des filles, c’est préparer des citoyennes éclairées, capables de participer pleinement aux décisions locales et nationales. C’est briser le cycle de la pauvreté. C’est construire des nations plus justes, plus équilibrées, plus fortes.
Il nous faut donc des politiques publiques ambitieuses en matière de scolarisation des filles, mais aussi de lutte contre les mariages précoces, les grossesses non désirées et toutes les formes de violences basées sur le genre. Ce sont des freins au développement d’une nation, tout simplement.
Le leadership féminin, une richesse pour la gouvernance.
En tant que dirigeante, je crois fermement à la complémentarité des styles de leadership. Les femmes, lorsqu’elles accèdent aux postes de décision, apportent souvent une approche plus collaborative, plus inclusive, plus soucieuse de l’impact à long terme. C’est un atout pour la gouvernance, publique comme privée.
Nous avons aujourd’hui besoin de modèles visibles. Pas seulement des héroïnes exceptionnelles, mais aussi des femmes ordinaires qui font un travail extraordinaire au quotidien, dans l’ombre. Montrons-les. Donnons-leur la parole. Inspirons les générations futures.
De la parole à l’action.
Bien sûr, parler ne suffit pas. Il faut agir. Cela signifie, pour nous les femmes en position de responsabilité, tendre la main, créer des passerelles, ouvrir des portes. Cela signifie, pour les hommes de bonne volonté, reconnaître le potentiel immense de leurs compatriotes, collègues, partenaires féminines, et leur faire de la place à la table.
Cela signifie, pour les États et les entreprises, intégrer l’égalité de genre dans les politiques, les budgets, les plans stratégiques. Car la construction d’une nation n’est pas un idéal abstrait : c’est une action quotidienne, collective, inclusive.
Un appel à l’engagement.
Je terminerai en disant ceci : l’Afrique ne pourra relever ses défis qu’en s’appuyant sur toutes ses forces. Or les femmes ne sont pas une « minorité à promouvoir ». Elles sont la moitié de notre humanité. Elles sont des créatrices de valeur, des gardiennes de paix, des initiatrices de progrès.
À mes consœurs africaines, je dis : croyez en vous. Formez-vous. Exigez votre place. Osez diriger. Osez rêver grand.
Aux hommes qui nous soutiennent : merci. Continuez à être des alliés, non par condescendance, mais par conviction.
Et à tous les leaders, publics ou privés, qui lisent ces lignes : faisons de l’égalité une stratégie de développement. C’est la seule voie vers une Afrique stable, prospère et unie.
Construire une nation, c’est un travail collectif. Et les femmes africaines en sont les piliers indispensables.
UBA. Africa’s Global Bank. Une banque panafricaine portée par l’inclusion, la performance et l’impact social.
GM/AE